Egalité des chances

disparités, égalité, équité,

 

L’égalité des chances est un mot qui est largement médiatisé dans le discours pédagogique de tous les partenaires, presque dans tous les pays du monde. Il  est doté d’une résonnance magique. Il développe  vite des effets psychopédagogiques positifs chez les récepteurs. On ne peut l’éviter en parlant des apprentissages, des évaluations, de la notation, de la scolarisation, de la massification des inscriptions, de la généralisation des prestations, etc. il s’installe sans préavis dans les représentations des uns et des autres et fait partie des convictions individuelles et collectives.

Mais, au-delà de sa charge humaniste qui se manifeste à travers son penchant à l’équité, à l’accès aux différents services éducatifs, ce concept possède-t-il vraiment, dans la réalité,  toutes les propriétés et toutes les vertus que lui confèrent les représentations et que lui attribuent les discours ?

Si l’on examine de plus près le concept « égalité des chances » à partir de deux moments d’un processus éducatif (début du processus et fin de ce processus, début d’une action et fin de cette action, début d’un service et fin de ce service, etc.), on peut dire qu’il est difficile, voire impossible, de garantir l’égalité des chances à partir des intrants (éléments d’entrée), mais qu’il est possible et fortement concevable de la garantir à travers les extrants (éléments de sortie). Cette situation est conditionnée par le fait qu’on ne peut pas toujours maitriser les processus qui affectent les conditions préalables (socioculturelles, socioéconomiques, psychologiques, etc.) au moment de la jouissance des services, des prestations, etc. durant le processus et à son terme, mais il est toujours possible de le faire à un niveau ou à un autre.

L’égalité des chances ne pourra pas par exemple se manifester :

  • Dans les différences socio-culturelles pré-scolaires
  • Dans les différences socioéconomiques pré-scolaires
  • Dans les différences territoriales pré-scolaires
  • Dans les conditions contextuelles ici et maintenant
  • Dans le degré de mobilisation des ressources matérielles et logistiques, etc.

Concrètement, dans le paysage éducatif, cela se traduit par :

  • Tous les élèves ne vivent pas les mêmes conditions socioculturelles et socioéconomiques  à leur entrée à l’école (familles démunies, riches, instruites, illettrées, proches, lointaines, etc.)
  • Tous les élèves ne disposent pas des mêmes fournitures et outillages scolaires (suffisant, insuffisant, approprié, inapproprié, etc.)
  • Tous les élèves ne bénéficient pas des mêmes services au départ (locaux suffisants, encadrement de bonne facture, épanouissement, encadrement extrascolaire, etc.)
  • Tous les élèves ne disposent pas des mêmes rythmes d’apprentissage (dispositifs d’accompagnement existants ou non, différenciation appliquée ou non, etc.)

Par contre, au niveau des processus que l’institution maitrise et gère et au niveau des extrants, l’égalité des chances est, à une large échelle, une réalité qu’on peut détecter et évaluer ; il s’agit de :

  • Garantir les mêmes conditions de formation et d’encadrement (même horaire à tous, mêmes programmes, mêmes dispositifs de soutien et d’encadrement parallèle, etc.)
  • Garantir les mêmes conditions de passation te les mêmes types d’épreuves, … des devoirs, des examens, des concours, etc.
  • Garantir les mêmes conditions d’accès à certaines filières, à certains types d’enseignement, etc.
  • Diversifier les offres pédagogiques au niveau des infrastructures, des formations, des prises en charge, etc.
  •  Appliquer une certaine discrimination positive au profit par exemple des catégories précaires (filles, pauvres, orphelins, etc.)
  • Etc.

L’égalité des chances, telle qu’elle est adoptée, est donc réelle, c’est une conviction institutionnelle et une exigence stratégique qui cherche à endiguer les écarts de tout genre et lutter contre les disparités de tout type ; mais elle s’apparente davantage à une réduction des dysfonctionnements territoriaux, socioculturels et socioéconomiques; en outre, pour ne pas se transformer en une activité standard et uniformisée et pour répondre à des besoins spécifiques et forcément différents ici et maintenant,  l’égalité des chances peut-elle devenir une équité des chances ? Ce qui est, en tout cas une initiative noble, louable et citoyenne.

Date de dernière mise à jour : 05/08/2020

Ajouter un commentaire

Anti-spam