Pensées numériques (11)

Partage et générosité: mariage d'amour ou mariage de facilité!

 

Avec la pullulation des  moyens numériques de liaison ( ou à la limite de communication entre guillemets), il est des phénomènes qui  naissent, grandissent et s’approprient le statut de vérité générale, avec un grand V. il n’y a aucun référentiel qui le légitime, mais c’est comme ça !

Parmi ces phénomènes, on peut citer le partage, principalement le partage de documents (PDF, Word, photos, vidéos, etc.) qu’ils soient destinés à l’instruction et à l’apprentissage ou tout simplement à la consommation légère, humoristique et immédiate.

D’aucuns attribuent au partage des vertus absolues ; ils croient bien faire et considèrent que le partage est l’une des valeurs positives de l’ère numérique ; ils ne lésinent pas sur l’envoi de tout document qui leur tombe dans la boite de réception, dans leur messagerie  Watsapp, etc. à toute la liste de leurs contacts, sans distinction aucune. Un clic ou parfois deux sont suffisants pour le faire. Faire du grand bien avec presque rien. Une aubaine, c’en est bien une ! Même si ces documents ne sont pas lus, analysés, même si les destinataires n’ont pas exprimé le vœu d’en recevoir, même si les dits documents sont généralement téléchargeables sur la toile, … parce que c’est simple, un seul clic, oui un seul clic

Jusqu’à maintenant, cet élan philantropo-humaniste est justifiable.

Mettons-nous dans la peau du récepteur de ces interminables documents !

Il reçoit un lot de documents de l’un de ses contacts, puis les mêmes  d’un autre, puis les mêmes  d’un troisième… et ça ne finit pas même après  des mois ; il découvre :

  1. Qu’il ne peut pas consulter tous les documents reçus d’un seul coup
  2. qu'il colporte avec lui sans arrêt des milliers de livres qu'il ne lira jamais
  3. Qu’il stocke des « librairies » momifiées, des bibliothèques saturées, sans aucune exploitation
  4. Que ces documents finissent généralement dans la poubelle
  5. Que certains de ces documents ne s’inscrivent pas dans son centre d’intérêt ou dans son projet d’études ou de recherche, etc.
  6. Que d’autres contacts, dans le cadre d’un partage en chaine, lui envoient les mêmes documents à plusieurs jours d’intervalle

Imaginons un scénario réaliste : si ces documents sont en version papier et ils nécessitent un effort et un temps pour scanner, organiser, renommer, … seront-ils partageables de la même façon, avec la même allure, … ?

Peut-on dire que c’est la facilité qui entretient cette tradition de partage et  que le partage n’est pas le fruit d’une valeur humaine et humaniste de générosité et d’amour de l’autre. Au moins comme on le prétend.

Il faut donc repenser le partage pour qu’il soit vraiment du partage. Notre culture du numérique en dépend, et nos relations. Il faudrait donc :

  • Ne pas inonder les autres de documents dont ils n’auraient pas ou jamais besoin
  • Cibler les documents à envoyer en fonction du besoin du destinataire
  • S’assurer que les documents à partager ne sont pas disponibles pour tout le monde
  • Au lieu du partage sauvage et anarchique, déclencher des débats et des échanges à propos de documents précis pour leur importance thématique, historique, pratique, etc.

 Partager c’est faire la part des choses

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 26/11/2020

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