Récréation: Maradona

Les générations qui étaient férues du football mondial durant les années 60, 70, 80 ont eu beaucoup de chance d’abord de voir des matchs avec de grands enjeux, non seulement financiers comme aujourd’hui, mais nationaux et militants, mais surtout des spécimens de footballeurs qui ne sont plus reproductibles.

Il est vrai qu’il y a de grands joueurs n’importe où et n’importe quand ; mais il y a joueurs et joueurs. Le contexte économique, médiatique, socio-culturel est déterminant dans la façon de forger le profil d’un joueur, son style de jeu,  sa relation avec les suiveurs, sa vie privée et publique, …

Avec la mort de Cruijff en 2016 et de Maradona cette année (2020), le monde ne dispose plus que d’un seul autre joueur de la même catégorie, Pelé en l’occurrence. Chacun avait sa décennie.

Il s’agit de joueurs artistes.

Cruijff était un footballeur artiste ; Maradona était un footballeur  artiste.

Cruijff avait dominé la décennie (1970-1980) et  Maradona (1980-1990).

Avec eux ; il y avait d’autres grands joueurs (Rensenbrink, Beckenbauer (défenseur), Kempes, Zico, …), mais ils ne les égalaient pas.

Cruijff était un footballeur artiste ; Maradona était un footballeur  artiste.

Ces deux joueurs étaient plus que des joueurs : c’étaient des modèles pour des générations militantes, révolutionnaires, … ; c’étaient l’incarnation humaine de la beauté sportive et le plaisir du spectacle.

Aujourd’hui, il y a aussi de grands joueurs, mais des joueurs robots. Ils ne sont pas des artistes. Ils ne sont pas créatifs.

Avec Cruijff et Maradona, on ne savait pas comment ça aller marcher, comment on va dribler, comment on va tirer le coup-franc, comment on va marquer, comment on va amortir le ballon ; que du suspense, que du plaisir !

Aujourd’hui, tous les gestes sont mille fois répétés, exécutés à tel point  que les buts sont imaginés à l’avance, les dribbles mémorisés, les tirs connus, … 

Les coupes sont presque gagnées à l'avance, avant le début même des championnats; Quelques équipes se relayent sur les podiums; plus de suspence, plus de mystère!

Au temps de Cruijff et de Maradona, les petits poucets, en Europe en tout cas, ont eu leurs championnats nationaux ou continentaux à côté des grands (Bayern, Réal Madrid, Barcelone, Liverpool, ..), y compris de petites équipes ( GOTEBORG- suède) ou d'équipes qui se sont éclipsées ou qui sont aujourd'hui dans les séries d'amateurs (Nothengham Forest, étoile rouge de belgrade, etc.)

Une grande différence entre l’art et l’automatisme, entre l’artiste et le robot, entre Cruijff, Maradona et les autres.